circuit bended tongue: septembre 2010

J’avais déjà entendu parler de dictées magiques bidouillées, mais bon… à l’époque : rien à foutre. Comme quoi…en y repensant, c’était peut être le mot dictée qui m’avait rebuté. Ajoutons à cela que je ne maitrise aucun instrument. La M.A.O. ? peu ou prou comme le chant : du bricolage… mais j’aime bien le rafistolage, faire avec les moyens du bord. J’adorais Mac Gyver… il me semble que j’ ai de l’inspiration quand mon environnement est limité. Maintenant qu’on peut télécharger des giga octets de vst et tout ce qu’on veut … je me retrouve pommé. Ableton live c’est du Play School. Je prend l’outil crayon et je dessine des formes dans le piano roll … et c’est génial . C’est idiot . Je trippe sur des boucles d’abruti mais c’est génial ! Sauf que c’est que de la composition . il n’y a pas de dimension jeu. Il n’y a guère de place pour l’instinct, l’intuition, la spontanéité… Du moins comme je la pratique moi : piano, synthé ou clavier midi ; je bouge mes doigts comme E.T. et c’est en commençant sur cool édit pro, win98 et 32Mo de mémoire vive que j’ai justement le plus trippé . d’ailleurs nostalgie :

« j’déboule /j’début’ /j’débit’ /j’déblatère sur un beat de rap /qui émane de mon PC qui rame/j’ai douze de RAM / j’m’en bas la race/j’suis heliobus/canis lupus/ royal punk-dictaphoner »

Bref, pour mon projet de poésie sonore il me fallait une matrice de sons. Pour partie, la poésie, c’est du bruit dans le langage. Elle met en évidence le vide quadrillé, voir masqué par ce dernier. Elle ouvre des portes de perception en tordant, contorsionnant le maillage des conventions de la langue.

Il me fallait donc fabriquer des machines. Des machine-bruits qui prendraient formes dans le vide du langage technologique. Il y a je crois, la même nuance entre science de la communication et poésie, qu’entre ingénierie et bricolage … j’y reviendrai un jour dessus.

C’est ainsi que je me suis mis en route sur les chemins du circuit bending, hardware hacking,

Reverse engineering … tout un tas d’appellations recouvrant un sens très proche. Sur des forums je suis déjà tombé sur des discutions dans lesquelles les zigues se prenaient le chou dans un effort de distinction entre chaque nomination. Pfou ! perte de temps dans l’exercice de distinction entre chaque nombril. Quelque soit notre activité, il s’agit toujours d’un mélange incontrôlé de savoir et d’ignorance consciemment organisé sans vraiment pouvoir tenir compte des imprévus… On peut continuer loin comme ca mais je ne saurais trop que vous conseiller la lecture de monsieur Reed Ghazala , découvreur de ce qu’il nomme l’anti-théorie. Son ouvrage : Build your own alien instrument est un curieux mélange d’autobiographie, de philosophie et de technique. A bien des égards, c’est une lecture très enrichissante et même libératrice. Il nous fait prendre conscience qu’il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste, un expert comme ils disent à la TV avec leur Novlangue pour pouvoir innover. Cette idée d’anti-théorie, démarche fondamentalement enracinée dans la logique, l’expérimentation et l’accumulation empirique de données à plutôt pour vocation de bousculer les conventions sociales. Questionner le savoir en creux sur sa vocation : libérer chacun d’entre nous des chaines de l’ignorance ou maintenir la distance entre celui qui sait et celui qui ne sait pas ? l’anti-théorie, c’est une provocation politique… Après quelques pérégrinations manuelle au coté d’un vieux tuner numérique que j’accompagne désormais jusqu’au frontières de sa mort pour sa réincarnation future en instrument de musique, je suis tombé sur le livre de Nicolas Collins : handmade electronic music . Dans celui-ci l’aspect technique est nettement plus épais. Ce qui collait parfaitement à mon appétit grandissant pour la discipline mais toujours avec un soupçon de philosophie. Le sens, c’est essentiel ! Quand je me suis dit un jour que je chanterais, ce n’était pas parce que j’ aurais maitrisé la technique ou pour impressionner les filles mais parce que j’avais (j’ai toujours) besoin de crier. Quelque chose à sortir. Un colis urgent à livret…

Ce blog-note a vu le jour pour mettre les choses à plat. Il est la manifestation Web 2.0 du mouvement qui m’anime. La page tongue est un réservoir pour accumuler des échantillons de matière-monde. Des déchets en décomposition, du compost pour se nourrir par les racines. Heliobus c’est une composition chaotique de plante-poèmes qui poussent dans les aspérités, les brèches de l’infrastructure sociale qui cache le soleil à la manière des barres d’immeubles. C’est un véhicule écolo biodégradable qui se nourrit pour nourrir un jour à son tour…

DIY noise, c’est l’appellation que j’ai apposée sur mes activités manuelles. Le Do-It-Yourself, littéralement bricolage en anglais étant devenu par extension la philosophie constitutive du mouvement punk. Cette scène musicale simultanément apparue en divers endroit du globe et pas seulement en Angleterre comme voudrait nous le faire croire tout les mass-média auto proclamés expert dans le domaine. Premier concert de Métal Urbain en Décembre 76 à Paris. Les Sex Pistols étaient un boys band. Il est amusant de noter que l’outre-manche ai concentrée tout les yeux par son aspect très ostentatoire de sa culture punk. Les crêtes colorées sur des cranes défoncés absorbant tous les regards. Pour sur que dans la foulée de tout ceci les cris de ralliement autour d’un esprit sain dans un corps sain ( c’est moins rebelle d’aspect même si c’est le prolongement vraisemblablement pertinent d’une contestation de fond ) sont pour ainsi dire passés inaperçus. Du moins jusqu'à ce que les vieux cons d’aujourd’hui soient détrônés par les nouveaux vieux cons de demain. Le problème de fond étant d’arrêter l’histoire à un instant T pour s’enfermer dans un périmètre aux frontières de son ego et ainsi se proclamé roi. Passons ! Grosso modo le punk à dit : si t’as le droit de rien dire ; tu as le devoir d’ouvrir ta gueule en grand. Puis comme c’est un mouvement réactif et réflexif qui place l’honnêteté dans le top five de ses valeurs il en est arrivé à l’impératif d’ autogestion. Sur la base d’une action spontané, les fourmis solitaires se sont rassemblées pour élaborer une fourmilière alternative avec ses concerts, ses fanzines, ses labels, ses listes de distribution… le but étant de faire s’épanouir cette culture. Une théorie de l’action collaborative avec une mécanique vertueuse qui réconcilie intérêt individuel et intérêts collectifs. Des groupes incarnent le punk mais c’est le punk qui fait exister les groupes… un modèle réduit de la vie pour en défendre les éléments de base : liberté et biodiversité, garant de l’épanouissement de tout un chacun. Pourquoi ? c’est une question que l’on commence à verbaliser incessamment et de façon quasi-maladive vers l’âge de deux ans et demi / trois ans pour finir par trop rapidement l’occulter faute de réponse ultime ou même satisfaisante… je cherche encore. C’est d’ailleurs la but de ce blog-note : un exposé régulièrement réactualisé de mes recherches. Toutes proportions gardées évidement. Cette interface se rapprochera inexorablement plus d’un one-man-show que d’une thèse élaborée au sein du CNRS. D’autant plus que je me suis fixé comme objectif d’ alimenter la chaudière. Hors de question de laisser le feu s’éteindre par faute d’avoir étudier la buche de bois sous tous ses aspects afin d’ être certain qu’elle brulera bien. C’est l’ironie du sort. Le mieux est l’ennemi du bien car il stoppe tout mouvement et le but c’est le mouvement parce que la vie est un mouvement et que le but de la vie, même si c’est con à dire, c’est de la vivre bien. Par conséquent, il faut accepter l’erreur. C’est le moteur qui nous fait avancer. Si vous suivez ce blog-note, j’espère que vous aurez l’occasion d’en relever plein… euh… revenons à nos DIY moutons-machines. Je ne suis pas écrivain, musicien ou électrotechnicien mais j’ai appris à lire, à écrire et à suivre un raisonnement logique basé sur l’observation. Ce sont là les outils fondamentaux pour reprendre le contrôle de son existence. Du coup, je m’exprime et je bricole mes instruments avec une ergonomie adaptée à mes doigts d’E.T. Dans un premier temps, j’ai l’impression de me dépasser puis dans un second temps je réalise que je me rapproche de moi-même. Nos créations sont des figurations de nous-mêmes. Il est important de les observer attentivement

pour se découvrir, déceler les limites et partir pour un nouveau cycle de progression en cherchant à les dépasser. Vous jetterai un œil sur les clichés de mon prototype d’Heliobox , particulièrement l’amas de fils électriques, vous y verrez là une pure représentation du bordel qui comble le vide entre mes deux oreilles.

à suivre...